COMBAT MYSTIQUE

Ce livre décrit la lutte qui aujourd’hui fait rage entre la Vérité et le Mensonge, le Bien et le Mal, le Sacré et le Profane, les Charismes et les “Puissances”. Les Charismes sont accordés par Dieu, les “Puissances” ou “Pouvoirs” sont accordés par Satan. Bien que ce combat titanesque soit surtout de nature mystique, ses répercussions dans notre vie quotidienne sont inévitables. Ceux qui en sortiront vainqueurs gagneront le droit d’accès au Royaume messianique, le nouvel Éden que les Prophètes chrétiens contemporains nous présentent comme imminent.

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Appendice
APPENDICE
1 - Trois exemples sur la Divine Volonté: (1 - Chauffeur privé. 2 - Les échecs. 3 - L’amour à son meilleur).
2 - La centrale hydroélectrique.
3 - L’Arbre aux dévotions.
4 - La source assoiffée.
5 - Le Ciel… mais comment est-il?
6 - Les athlètes dans le stade.
7 - L’oiseau sans ailes.
8 - Manger, mais au sens spirituel.
9 - Deux figures d’Israël.
10 - Temps de moisson: le temps actuel.

APPENDICE

 Récits

  

1 - Trois exemples sur la Divine Volonté.

En parlant de Luisa Piccarreta, nous avons vu que l’objectif de ses écrits est de nous encourager à vivre dans le Divin Vouloir. Poussés par le désir de bien faire, beaucoup de gens se demandent quelle différence il y a entre faire la volonté de Dieu et vivre dans la volonté de Dieu. Puisque j’avais ce problème, j’ai demandé au Bon Dieu [66] de m’aider à le résoudre. Comme réponse explicative j’ai eu trois images mentales.

66
  • [66] Pour dire “Dieu”, le saint Curé d’Ars avait l’habitude de dire: “Le Bon Dieu”. Sans que l’on sache pourquoi, cette expression est restée dans le parler de plusieurs francophones d’Amérique (surtout chez les canadiens-français de la province de Québec).

 

- 1 -

Chauffeur privé.

 

Tout d’abord je me suis trouvé au volant de ma voiture, en train de conduire comme je fais d’ordinaire. Sentant la présence d’un passager à ma droite, j’ai tourné la tête pour voir de qui il s’agissait. À ma grande surprise j’ai découvert qu’il s’agissait de Jésus. De Jésus. Jésus lui-même. Il se tenait là, tranquillement assis, et finissait par me donner toutes sortes de bons conseils sur quel chemin prendre, où tourner, quand ralentir, etc. Moi, je suivais ses conseils, et avec gratitude, car ces conseils, je le voyais bien, m’étaient fort utiles. J’ai alors entendu une voix silencieuse me suggérer de l’intérieur: C’est cela FAIRE ma Volonté”.

Quelques instants après je me suis trouvé assis côté passager. En regardant vers ma gauche pour savoir qui conduisait, j’ai découvert, à ma très grande stupéfaction, que mon illustre Passager d’il y a un instant était devenu mon chauffeur privé. Jésus en personne avait pris place au volant de mon auto, et la conduisait très bien. Nous avions simplement changé de place. Et avec Jésus comme chauffeur j’avais l’impression que le monde n’était plus le même, que jamais nous n’aurions pu avoir d’accidents graves. Je me sentais en sécurité. J’aurais même pu fermer les yeux et relaxer pendant que Jésus conduisait. Et la voix silencieuse m’a alors suggéré: C’est cela VIVRE dans ma Volonté”.

Je me souviens d’avoir pensé, à haute voix peut-être: 

“Est-ce normal tout cela? Est-ce possible que le Bon Dieu devienne maintenant mon chauffeur privé?”

 À ces paroles, dites ou pensées, Jésus a répondu: 

“Qu’est-ce qui est plus facile, mourir sur la croix ou te servir en tant que chauffeur privé?”. Puisqu’il continuait à conduire, et de façon très naturelle, je lui ai encore dit: “Si c’est vous qui conduisez à ma place, aurai-je le droit de relaxer? De fermer les yeux si je me sens fatigué? Et si je tombe endormi?”. Mon divin et adorable Chauffeur a souri, puis m’a répondu: “Si tu tombes endormi, je m’occuperai Moi-même de tout”.

Ici j’ai compris que lorsque l’homme renonce à sa propre volonté pour vivre dans la Volonté divine, c’est comme s’il cédait au Seigneur le volant de son auto (c’est-à-dire la direction de sa propre vie). Les avantages qui en découlent sont sans nombre. [67]

67
  • [67] Après avoir lu ces paroles une personne plutôt sceptique se demandait si cela n’était pas du “quiétisme” pur et simple. Un peu préoccupé par la question suffisamment pertinente j’ai demandé l’aide du Seigneur. Le lendemain, en voulant ranger un livre qui dépassait de son rayon, je l’ai d’abord ouvert, et mon regard s’est posé sur une phrase de Jésus, qui semblait vouloir me répondre, en disant: “Cette vie intérieure ne consistera pas tant à suivre telle ou telle méthode d’oraison, mais plutôt à accepter volontairement et librement de se laisser travailler à l’aise. Qu’on chasse toute crainte inutile: cette passivité n’a rien de répréhensible, car dans l’accomplissement de leurs devoirs ces âmes seront actives, et cela dans la mesure même où elles se laisseront travailler par l’Esprit Saint ”. (“Divins Appels”, p. 178).

Je me suis encore permis de dire à mon Seigneur: “Seigneur, n’avez-vous pas l’impression qu’il manque quelque chose pour faire comprendre encore mieux, et à tout le monde, ce que vous me permettez de comprendre par intuition et par grâce? N’auriez-vous pas une image supplémentaire pour ceux qui, poussés par la bonne volonté, ont soif de mieux comprendre? J’ai l’impression que cette leçon est trop importante pour ne pas lui donner une suite ...”

 

- 2 -

Les échecs.

 

Comme d’habitude, mais jamais sans surprise, une image s’est présentée. J’ai vu deux Êtres qui jouaient aux échecs. À moi tout seul je n’aurais jamais imaginé que le Bon Dieu puisse jouer aux échecs avec le Diable, et pourtant... Mais il fallait comprendre que c’était juste une image. Je me suis donc appliqué à comprendre l’image.

Tout d’abord j’ai compris que les pièces du jeu représentaient des êtres humains. Je me suis reconnu dans un pion... Et j’ai réalisé qu’aux échecs même un simple pion peut être précieux, si par exemple il se trouve à la bonne place, au bon moment. (Tout dépend du plan stratégique conçu par Celui qui mène le jeu). Je regardais le jeu aller quand tout à coup j’ai réalisé que le Bon Dieu était en position de désavantage. J’ai pensé: 

“Impossible. Le Bon Dieu est plus fort que le Diable. Le Diable est une simple créature et ne peut gagner contre son Créateur. Le Créateur est forcément plus intelligent et habile que sa créature, quelle qu’elle soit l’intelligence de cette dernière”.

Et pourtant... Le désavantage du Bon Dieu était bien visible, ce qui fait que je me suis mis à regarder mon Créateur avec des yeux suppliants. J’étais l’enfant qui regarde son père tout puissant battre en retraite devant un mystérieux adversaire vêtu de noir. Je le voyais souffrir et presque pleurer chaque fois que le jeu l’obligeait à céder l’une de ses pièces si précieuses. L’enfant que j’étais se révoltait à l’idée de voir son père de lumière perdre du terrain devant un adversaire aussi sombre et repoussant. L’enfant que j’étais découvrait pour la première fois l’existence de la mort, et souffrait lui aussi, mais ne pouvait pas concevoir que la mort l’emporte sur la vie. L’enfant que j’étais avait besoin d’un secours, d’une explication, d’un remède contre un doute aussi cruel, aussi écrasant.

Mon instinct filial me poussa à lancer les mots: 

“Papa. Papa. Ne vous laissez pas battre. Faites quelque chose. N’êtes-vous pas le Tout-Puissant? N’êtes-vous pas Dieu? Ce n’est pas à vous de perdre. Il faut que vous gagniez. Je veux que vous gagniez!”.

Sans trop savoir pourquoi, mes yeux se sont mis à fixer l’échiquier, et voilà... l’explication! J’ai remarqué que les pièces avec lesquelles mon Père menait son jeu étaient toutes douées de liberté, si bien que certaines d’entre elles, se croyant en position de désavantage, se déplaçaient toutes seules vers un carré voisin, et même plus loin. Ce manque de confiance et d’abandon finissait par entraîner leur perte. Mon Papa avait beau être le Tout-Puissant! La liberté qu’exigeait la loi de son amour à l’égard de toutes ses pièces rendait son jeu extrêmement vulnérable face au camp adverse, où la loi de la peur maintenait chaque pièce solidement ancrée au carré choisi par l’intelligence diabolique de l’Adversaire.

À ce moment je suis revenu de ce côté-ci de la réalité, et la voix silencieuse m’a demandé: 

«Mon cher petit pion, te souviens-tu d’avoir déjà lu un texte qui disait que “quoi qu’il arrive Je rebâtirai mon Église”?»

Oui, je m’en souvenais, mais pas des mots exacts. Alors je les ai cherchés, et je les ai trouvés à la page 118 du livret: “Le grand message d’amour”. J’ai donc relu très attentivement ce message, et il disait:

«Le monde moderne renouvelle ma Passion! Cependant, même si tous mes Prêtres me quittaient, comme mes Disciples ont fait lors de ma crucifixion sur le Golgotha, même si Je restais avec seulement un seul d’entre eux, comme je suis resté seul avec Jean, eh bien, à travers celui-là Je renouvellerai le monde! »  (19 mars 1969).

Je réfléchissais sur ce que je venais de vivre. Je savais que les messages que je manipulais étaient comme les morceaux d’un puzzle que je m’efforçais de reconstituer. Dans ma boîte, qui était ma banque de messages prophétiques, il y en avait plusieurs qui ne pouvaient pas être d’origine divine, car malgré leur apparence de vérité ils n’allaient bien nulle part, [68] mais d’après moi ce dernier message était sûrement d’origine divine. Je ne lui trouvais aucun défaut, et en plus il épousait à la perfection les morceaux que j’avais déjà reconnus comme véridiques et placés patiemment à l’endroit qui leur convenait.

Je m’attendais à un commentaire de la part de la voix silencieuse, mais je n’en ai pas eu. Sans doute que l’expérience que je venais de vivre était suffisamment claire et éloquente par elle même. Pour moi elle l’était, mais pour les autres? Je sentais que ces images, malgré leur puissance et leur clarté, n’auraient pas réussi à convaincre tout le monde, et je m’interrogeais sur ce qui empêche certaines personnes de se déclarer satisfaites des explications fournies par la Providence. Or voici la réponse que la voix immatérielle m’a suggéré:

«Il y a une différence énorme entre les personnes qu’un rien peut contenter, et celles qui au contraire ne se contentent jamais de rien. Les premières ont une âme de bonne volonté, et elles croient à la Providence. Elles sont comme des fillettes dociles qui inventent leur bonheur à partir de ce qu’elles reçoivent des mains des adultes. Les deuxièmes, au contraire, ont une âme qui ressemble à celle des contestataires professionnels. Rien ne parvient à les convaincre de choisir la Vérité lorsque celle-ci leur est proposée. Pour ces personnes tout est prétexte pour nier la Vérité, comme si la Vérité n’avait pas le droit d’exister. Par exemple, si un témoin de la Vérité ne donne pas son nom, son témoignage n’est pas recevable, mais s’il le donne, c’est son nom qui n’est pas recevable. Si un livre qui témoigne de la Vérité se présente avec “Imprimatur”, c’est du vieux paternalisme, mais s’il se présente sans “Imprimatur” malheur à celui qui a osé le diffuser dans cet état!”»

À ces conditions, me suis-je dit, il vaut mieux que je poursuive mon chemin sans autres délais, que je suive le conseil que Virgile donnait à son cher compagnon, Dante Alighieri, au cours du voyage qu’ils ont effectué dans les méandres de l’enfer: “Non ragioniam di lor, ma guarda e passa”, autrement dit: “Évitons de parler d’eux, mais regarde, et passe”. [69]

68, 69
  • [68] Les messages qui se veulent “prophétiques” mais qui ne le sont pas, ont toujours un petit défaut caché, un défaut parfois invisible à l’œil nu. Cela n’est pas sans nous rappeler le travail sournois de l’Adversaire, le semeur de zizanie de la parabole évangélique. Il essaye de nous confondre en glissant du faux parmi le vrai, mais puisque par volonté de Dieu “il sait faire les casseroles, mais pas leurs couvercles ”, ses messages finissent toujours par montrer leur défauts cachés.
  • [69] Dante Alighieri: “La Divina Commedia”. Vol. 1: Enfer, 3, 51.

 

- 3 -

L’amour à son meilleur.

 

Ayant appris par Luisa Piccarreta qu’au cours de l’Ère nouvelle nous serions capables d’aimer de la bonne façon, j’avais hâte de savoir comment cet amour nouveau serait fait. Or voilà qu’un beau jour j’ai aperçu en esprit trois couples de nouveaux mariés. Les trois étaient dans leur période dite lune de miel. Dans chaque couple les deux époux se témoignaient les mêmes gestes d’affection, d’attachement, de passion amoureuse, mais quand j’ai eu le privilège de “voir” ce qui se passait à l’intérieur de leur âme, j’ai constaté que, malgré leurs gestes apparemment identiques, les trois couples ne s’aimaient pas de la même façon.

Les époux du premier couple s’aimaient de façon tendre et passionnée, mais uniquement par suite du besoin instinctif que l’être humain a de RECEVOIR de l’amour. Les époux du deuxième couple s’aimaient de façon tendre et passionnée aussi, mais en plus de s’aimer par suite du besoin instinctif de recevoir de l’amour, ils s’aimaient aussi par suite d’un besoin supérieur, celui de DONNER de l’amour. Les époux du troisième couple s’aimaient eux aussi de façon tendre et passionnée, mais en plus de s’aimer par suite du besoin de recevoir de l’amour et d’en donner, ils s’aimaient comme conséquence d’un besoin très spécial, supérieur à tout: celui d’aimer Dieu ENSEMBLE. [70]

J’avoue que l’image du troisième couple m’a séduit. Leur façon de s’aimer m’a permis de comprendre que l’amour humain est un amour créé, et que les plus solides et véridiques des amours créés sont ceux qui acceptent le moule, l’image, le reflet de l’Amour incréé. Je me suis dit: l’Amour incréé, c’est Dieu, et Il est au centre de la Communion des Saints. Plus les êtres qui sont autour de Lui sont en mesure de refléter son image comme des “miroirs” fidèles, et plus ils peuvent relancer autour d’eux le même rayonnement que Lui, source première de l’Amour.

Voilà – je me suis dit – voilà l’amour à son meilleur, celui qui conviendrait parfaitement à la période que Luisa Piccarreta nous décrit comme étant celle du triomphe du Divin Vouloir en nous. [71]

 

70, 71
  • [70] Il y a une différence substantielle entre: aimer Dieu chacun pour soi, et aimer Dieu ensemble. Jésus aurait dit à Vassula Ryden que rien ne le glorifie autant que l’amour que nous Lui vouons en tant que collectivité unie (unie par son amour).
  • [71] Cette période est aussi celle du Royaume messianique, qui à son tour semble correspondre au Millénaire de Paix décrit par saint Jean dans l’Apocalypse (Ap, 20, 1-6). L’amour qui caractérisera nos relations au cours de ce millénaire sera un amour sanctifiant. (Il faut bien que cet amour soit sanctifiant, vu qu’il est celui du septième millénaire, le millénaire de la sanctification. Dans le livre Monde Nouveau Prophétisé, et au deuxième chapitre du présent livret, section # 2, l’actuel millénaire a été identifié comme étant le septième de l’histoire de l’Humanité, ce qui pourrait lui valoir l’appellation de: “Millénaire dominical”. Or le Dimanche, “Jour du Seigneur”, a toujours été considéré comme le “Jour de sanctification”. Le troisième commandement de Dieu témoigne de cette vérité).

2 - La centrale hydroélectrique.

Le moment est venu, je crois, de vous raconter l’expérience que j’ai vécue il y a un certain temps, au sujet de l’Esprit Saint dans la très Sainte Trinité. J’ai l’impression que le Bon Dieu a voulu me faire une grâce spéciale.

J’étais censé être en prière, mais au lieu de “prier” je disais au Bon Dieu, à ma manière à moi, que le mystère de la très Sainte Trinité me “fatiguait”, et pour cause. La cause, c’était le Saint-Esprit. Je me déclarais satisfait de l’image du Fils, car Jésus était pour moi un visage que je pouvais imaginer, voir, contempler, presque toucher, connaissant bien son histoire. Je me déclarais presque satisfait de l’image du Père, car j’en avais eu un qui pour moi avait été très bon. Mais je ne pouvais me déclarer satisfait de l’image du Saint-Esprit. L’image de la colombe et celle du vent n’avaient jamais réussi à désaltérer ma soif de comprendre le Saint-Esprit à travers quelque chose de suffisamment représentatif et convaincant. Malgré mes efforts et toute ma bonne volonté, je ne parvenais pas à me représenter la troisième Personne de la Très-sainte Trinité de façon satisfaisante. Et je commençais à me sentir frustré.

Un jour que dans la solitude je songeais au Bon Dieu, je me suis rendu compte tout à coup que non seulement je n’étais pas seul, mais que la Présence qui se tenait en face de moi et autour de moi était grande, très grande. C’était la Présence de mon Dieu Créateur. Une fois la surprise passée, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une situation de privilège, car j’avais devant moi Celui-là même qui aurait pu m’aider à trouver une solution au problème du Saint-Esprit, c’est-à-dire le problème de sa représentativité.

D’instinct j’ai mis cartes sur table, comme si Dieu le Père était vraiment mon papa ou un copain très responsable. Je me suis permis de dénoncer, ou presque, ce qui m’était toujours apparu comme une lacune; une lacune assez grave et peut-être non justifiée. (Moi, un être créé, je n’ai pas le droit de protester devant mon Créateur, et pourtant j’utilisais devant Lui des mots qui auraient pu être interprétés comme une quasi-protestation. Je me demande si un étranger à cette affaire n’aurait pas trouvé mes propos un peu irrespectueux. Mais à l’époque c’était ma manière à moi de dire au Bon Dieu que je l’aimais…  assez pour lui montrer ma façon de penser!)

Avant même que mon pseudo plaidoyer soit terminé, mon imagination a été saisie par la vision d’une grande centrale hydroélectrique. En même temps une voix silencieuse, immatérielle, m’a suggéré:

«Voilà ce qui peut représenter Dieu le Père. »

Je contemple pendant un instant la beauté grandiose de cette centrale, puis mon attention et mon regard intérieur se concentrent sur l’ensemble des fils de haute tension qui forment le réseau de distribution de l’énergie produite par cette centrale. Je le vois bien, ce réseau, et je vois aussi les fils de moins haute tension qui pénètrent dans les maisons, les écoles, les usines, les églises, les magasins, les marchés, partout où l’énergie électrique est considérée nécessaire.

«Vois-tu le réseau de distribution? Il peut Me représenter, car je suis le Fils, et je transporte la divine Énergie partout où doit s’installer la Vie. Et maintenant, es-tu encore intéressé à “voir” le Saint-Esprit?»

L’espace d’un éclair, puis...

«Non, non... Tout va bien. Tout va bien maintenant. J’ai ma réponse. Je n’ai plus besoin de voir le Saint-Esprit. Je sais où Il est, et même comment Il est. Il est dans les fils électriques. Il est comme l’électricité qui passe dans les fils électriques. Il est inutile pour nous de songer à le voir. Les hommes ne peuvent pas Le voir parce que l’électricité ne se voit pas. On voit seulement les fils qui la transportent. Il y en a à l’intérieur de la centrale, mais la plupart sont à l’extérieur. Ceux qui sont à l’extérieur, je les vois très bien, et ils vont partout. »

En moi, ce phénomène de compréhension n’avait duré qu’une seconde, peut-être moins. Ce que pendant des années j’avais souhaité comprendre, tout à coup je le comprenais, et d’une façon pleine, qui me satisfaisait, qui me remplissait selon mes capacités. Je constatais aussi que les fils qui se trouvaient à l’extérieur de la centrale s’éloignaient à perte de vue dans les quatre directions, soutenus par les pylônes qui se suivaient à distance régulière. Partout où l’homme voulait amener la vie, l’électricité était transportée par le moyen de ce réseau de fils électriques. Je comprenais que ce réseau pouvait représenter Jésus. En effet, Jésus transporte son Esprit vital partout où on a besoin de Lumière, de Chaleur, et de Vie au sens spirituel. Je comprenais que le Saint-Esprit est en Jésus comme l’électricité est dans les fils du réseau électrique.

La Centrale, plus le Réseau, plus l’Électricité, n’étaient au fond qu’une seule et unique chose: trois éléments, mais inséparables comme les trois Personnes de la Très-sainte Trinité. Étant donné que Jésus distribue l’énergie engendrée par la Centrale, on ne pourrait imaginer le Saint-Esprit (l’électricité) sans le Père (la centrale), et sans le Fils (le réseau) desquels Il procède. Enfin! Beaucoup de choses qui auparavant me semblaient incertaines, ou floues, ou hors de la portée de mon intelligence, depuis ce moment-là m’apparaissent claires, d’une clarté exceptionnelle.

La partie “technique” de ce phénomène est que toutes ces belles choses ont été vivantes en moi l’espace d’un flash, d’un déclic d’appareil photo, mais leur trace est fixée pour toujours dans mon subconscient, dont une partie est en train de devenir une sorte de photothèque. Au besoin, je peux rappeler à l’écran de mon esprit n’importe laquelle de ces images, pour la lire, la méditer, ou la décrire selon mes capacités.

«Toutefois, Seigneur, si quelqu’un veut vraiment voir le Saint-Esprit, je crois qu’il le peut, mais seulement dans l’action qui se produit au bout du fil, dans le résultat concret produit par l’électricité: une lampe qui s’allume, une chaufferette qui réchauffe (ou un climatiseur qui réduit la chaleur excessive en été), un moteur électrique qui fait fonctionner la machine à laver, avancer la machine à coudre, tourner le ventilateur, etc... ».

Au cours de cette expérience visuelle je me suis rendu compte que l’électricité engendre trois formes de vie, qui parfois se présentent réunies, et parfois séparées: lumière, chaleur, mouvement. 1) - Lumière: (les lampes électriques); 2) - Chaleur: ( les radiateurs électriques, le fer à repasser, les climatiseurs); 3) - Mouvement: (les moteurs électriques). Or à travers ces images j’ai pu comprendre, et vite, en un clin d’œil, ce que pendant des années j’avais souhaité comprendre sans pouvoir jamais y parvenir. J’entends encore l’écho de deux ou trois mots présents dans une prière qu’étant jeune j’avais l’habitude de réciter en latin en l’honneur du Saint-Esprit: Dulce refrigerium, lumen cordium, lux beatissima... et qui m’étaient revenus à la mémoire parce qu’ils décrivent justement l’activité du Saint-Esprit. Soudain, mon attention a été attirée par la voix d’un appareil de radio. Puis j’ai vu une télévision qui s’allumait et offrait des images et des messages de tout genre... Après avoir écouté, et regardé, et pensé, je me suis permis de dire:

- «Autrefois, Seigneur, tout fonctionnait à la main, ou avec des pédales. Maintenant l’électricité a créé une véritable révolution. C’est pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Regardez... La télévision fait plus de mal que de bien. La radio aussi. »

«Je le sais, Johannes, mais même si toutes les formes d’énergie appartiennent à Celui qui les a créées, l’Adversaire parvient à s’en servir. Toutes les forces et les énergies présentes dans l’univers ont été créées pour vous, pour votre bien-être. Mais l’homme, vu qu’il possède le don de la liberté, peut s’en servir autant pour le bien que pour le mal. S’il décide de s’en servir pour le mal, l’énergie qui normalement est vitale devient pour lui mortelle. Abuser des bonnes choses, tu le sais, c’est comme si on les rendait mauvaises.

Par exemple, les personnes qui invoquent sur elles l’effusion de l’Esprit Saint, si elles le font sans une préparation adéquate, c’est comme si elles demandaient l’électricité pour leur maison sans avoir préparé les structures adéquates pour recevoir sans danger une surabondance d’énergie nouvelle. En d’autres mots, si l’Adversaire n’a pas été délogé complètement de la dite maison, la personne qui y habite court le risque d’avoir des courts-circuits dévastateurs à la place des bienfaits normalement rattachés à l’arrivée de cette Source d’énergie surnaturelle. Cela s’explique: si vous tolérez la présence de l’Adversaire chez vous, il vous prépare des courts-circuits et des embûches de tout genre. Pour mieux réussir il le fait de façon occulte, c’est-à-dire sournoise, cachée. Pour ne pas éveiller les soupçons, il vous subtilise petit à petit ce que vous avez de meilleur, ou le rend inutilisable. Il finit par mettre hors usage votre système de santé spirituelle, et même physique.

Pour éviter que tout cela ne se produise, il faut d’abord que vous songiez à chasser l’Adversaire hors de votre maison, hors de votre âme, hors du territoire qui vous appartient, et que par la suite vous demeuriez vigilants, de façon à lui interdire tout accès s’il essaie de revenir en force. Relisez pour cela l’évangile. »

Une leçon comme celle-ci m’est apparue vraiment importante, d’autant plus que les explications épousaient convenablement le besoin que chacun de nous a de s’appuyer sur des exemples concrets.

Quelques années plus tard je me suis retrouvé devant des journaux qui parlaient de réunions “charismatiques” très bizarres. J’étais perplexe, envahi par le doute, d’autant plus que certains chefs charismatiques d’envergure semblaient parfois tout à fait en faveur de ces choses abracadabrantes. Je me suis permis de demander à Jésus:

«Seigneur, les événements dont parlent les journaux, ces réunions “charismatiques” que les média d’information ont baptisées “Saint Rire”, “Toronto blessing”, etc., où les gens font n’importe quoi au nom du Saint-Esprit, est-ce des exemples d’énergie volée par celui dont nous parlions il y a quelques années?»

«Oui. C’est ça. Je vois que tu retiens facilement ce que tu parviens à apprendre à travers des images. Dis-moi, Johannes, si l’électricité avait été connue au temps de ma vie terrestre, crois-tu que dans l’Évangile il y aurait une parabole de plus aujourd’hui?»

«J’en suis presque sûr, Seigneur. L’image de la Centrale me semble très appropriée. Elle peut rendre des très grands services aux gens intéressés à comprendre, un tant soit peu, la très Sainte Trinité. À date, cet exemple est celui qui m’a le plus aidé. »

«Alors écoute. La révolution que la terre a connue avec l’arrivée de l’électricité vous donne un exemple de ce que vous allez connaître bientôt sur le plan spirituel, avec la venue de l’Esprit Saint. Mais il faut que la planète soit d’abord préparée à cet événement par le moyen d’un nettoyage en profondeur, suivi d’une grande réfection. Grâce à cette réfection préparatoire, vous pourrez enfin recevoir avec profit les grandes richesses d’énergie spirituelle et physique dont l’Esprit Sanctificateur vous comblera.

Je sais que tu pries pour que le Père envoie tout de suite l’Esprit Saint renouveler la face de la terre, mais si ces nouvelles richesses et libertés étaient accordées à l’humanité tout de suite, maintenant, sans une purification préalable, cela ne lui serait d’aucun profit, vu l’état actuel des choses. Autrement dit, voici: en ce moment il y a sur la terre un nombre excessif de personnes qui favorisent leurs intérêts plutôt que les nôtres, cherchent leur gloire plutôt que la nôtre, font la promotion de leur ordre plutôt que du nôtre. Ces masses de personnes n’utiliseraient pas convenablement les nouveaux pouvoirs, les nouvelles richesses et les nouvelles libertés. Non seulement elles les gaspilleraient mais, pire, elles les investiraient dans le mal plutôt que dans le bien. C’est grâce à la Purification, grâce au véritable renouveau qu’elle fera naître, que disparaîtront les malheureux incendies qui à présent ravagent vos âmes. »

Ici j’ai compris que les incendies qui éclatent dans les maisons comme conséquence de courts-circuits électriques, sont une image de ceux qui se produisent dans les âmes lorsque nos forces spirituelles sont mal utilisées. Tout cela ressemble à des courts-circuits que Satan prépare en cachette à l’intérieur des âmes qui ne lui ont pas interdit l’accès de façon radicale. Au moment où arrive le riche courent spirituel, ces courts-circuits éclatent. Mais d’autres âmes se vendent carrément au démon en échange de richesses matérielles et d’honneurs terrestres. Elles lui ouvrent la porte avec des activités occultes de tout genre, y compris les messes noires. Ces âmes-là obtiennent tout du démon, mais à quel prix! À quoi sert de conquérir le monde entier si le prix à payer est celui de notre âme?

C’est à ce moment-là que de façon intuitive j’ai aperçu le nombre effarant d’œuvres de destruction que Satan et ses suppôts humains préparent au niveau de la planète, notre maison collective. Mais, malgré le délire apocalyptique que cesœuvres représentent, mon cœur reste confiant. Je sais que le Seigneur se servira de tout ce mal pour faire triompher le bien.

 

3 - L’arbre aux dévotions.

Je venais de lire un texte qui parlait en faveur de la dévotion au Saint-Esprit, et présentait cette dévotion comme étant la dévotion des dévotions, disant qu’il fallait lui donner la priorité absolue sur toutes les autres dévotions. J’ai été poussé à prendre la chose au sérieux, et je me suis mis à faire ce que l’auteur du texte, un certain Père M***, demandait que l’on fasse: prier le Saint-Esprit en lui donnant toutes les priorités. J’étais bien content, car la dévotion au Saint-Esprit était devenue pour moi la dévotion des dévotions.

Un beau jour j’avais le goût de prier mon ange gardien, mais suite à la lecture en question j’étais devenu incapable de le faire, convaincu qu’il ne fallait pas “gaspiller" mon temps de prière avec des dévotions autres que celle du Saint-Esprit. Je me suis donc abstenu de prier mon ange gardien, mon “devoir" étant désormais de consacrer tout mon temps de prière au Saint-Esprit. J’étais convaincu que le Saint-Esprit méritait d’être prié bien plus que tous les anges gardiens du monde réunis ensemble.

Et voici que les circonstances suggèrent une neuvaine aux âmes du Purgatoire. Moi, je la remplace par une neuvaine au Saint-Esprit. Même chose avec la neuvaine au Précieux Sang. Même chose avec toutes les autres prières, excepté la Messe et le chapelet, deux pratiques irremplaçables, mais que j’offre aussi au Saint-Esprit, et vite, pour être sûr de ne pas oublier. Je passe ainsi un certain nombre de semaines ou de mois “branché” à 100% sur le Saint-Esprit.

Petit à petit je commence à m’apercevoir que dans ma façon de faire il y a peut-être une forme quelconque de déséquilibre. Par excès? Possible. Je demande du secours à une ancienne amie fidèle. Elle s’appelle logique, ma logique à moi. (Je la consulte pour avoir un conseil lorsque mes autres amis ne sont pas disponibles). Ma logique me confirme la légitimité de mes soupçons, mais rien de plus. Le 27 décembre, jour de la fête de saint Jean, apôtre et évangéliste, mon saint Patron, j’insiste auprès de ma logique:

«Je suis rendu au point que je me sens coupable, ou presque, si je prie mon saint Patron. Est-ce normal, selon toi?»  

Sa réponse est immédiate:

- «Tu me prends pour le bon Dieu, mais moi je ne suis pas le bon Dieu. Pourquoi ne demandes-tu pas au Saint-Esprit lui-même? »

«C’est bien trop vrai! Tu as raison. Et je pourrais commencer même aujourd’hui... »

Le soir du même jour je me mets en la présence du Saint-Esprit. Je songe à ce qu’on m’a toujours enseigné, à savoir que l’un des principaux rôles de l’Esprit Saint, c’est de mettre de l’ordre là où il y a du désordre, et non le contraire. Je finis par Lui dire ma façon de penser, et je termine avec une prière dans laquelle je souhaite que l’équilibre et la paix règnent dans mon âme. Trois secondes s’écoulent, et l’écran de mon imagination s’ouvre sur l’image d’un arbre splendide. La chose surprenante est que cet arbre est chargé de fruits de toutes sortes. Il y a des pommes, des poires, des cerises... mais ce n’est ni un pommier, ni un poirier, ni un cerisier. Et il y a aussi des oranges, des bananes, des figues, des dattes, des pêches, des raisins de toutes sortes, et même des fruits tropicaux. Tous les fruits sont mûrs à point, et fort appétissants. “Oooh! Mamaan”! C’est sûr qu’avec un tel arbre dans mon jardin je n’aurais jamais le temps de m’ennuyer! Avant que je puisse penser à autre chose, une voix silencieuse, immatérielle, me remplit de confiance en me disant:

- “C’est beau. Je sais que tu trouves cela beau. Je me sers de cette image pour répondre à tes questions, et à tes prières. Les fruits que tu vois suspendus à cet arbre représentent les diverses dévotions que tu connais. L’arbre c’est Moi, le Saint-Esprit. Lorsque tu prends un de ces fruits et le manges, tu ne m’insultes pas, car ces fruits viennent tous de Moi. C’est Moi-même qui les offre... Toutefois, si tu le veux, rien ne t’empêche de continuer à prendre soin de l’arbre, le protéger, lui apporter de l’eau, sarcler sa terre autour, lui parler même. Les fruits n’en seront que plus appétissants et riches en vitamines de toutes sortes. Et tout cela, pour la santé de ton âme. Je ne t’apprends rien de nouveau en te disant qu’elle aussi a besoin de se nourrir ( ... ) n’est-ce pas?”

«Bien sûr. C’est comme vous l’expliquez! …  Et vous avez permis à l’article du père M*** d’aller jouer dans le “code génétique” de mes idées pour que le stress et la soif spirituelle ainsi engendrés … me préparent à mieux recevoir et à mieux comprendre toutes ces belles explications. Pas ça ?»

Le plus beau des silences.

 

4 - La source assoiffée.

Des sources qui ont soif, est-ce que cela existe?

Un matin, étendu sur mon lit, j’attendais que mon réveil me donne son signal habituel, et je regardais le plafond, les mains croisées derrière la tête. Je me forçais de trouver la réponse à une question qui après s’être subrepticement glissée dans ma tête, y était restée comme coincée. Pour m’en débarrasser, et au plus vite, il fallait que je lui trouve une réponse. Or plus je cherchais, moins je trouvais. La question était: “Les sources d’eau peuvent-elles avoir soif? Si oui, quelle serait leur façon de se désaltérer? Elle doit sûrement exister. Qu’est-ce qui est de nature à pouvoir apaiser la soif d’une source?”

Je cherchais, mais sans résultat. Me sentant à court de patience, et ayant presque épuisé mon temps de farniente, j’ai dit à mon ange gardien que s’il ne faisait rien de plus pour m’aider j’aurais mis l’affaire de côté. Sa réponse a été:

«Tu aurais des meilleures chances de trouver si tu cessais de penser à la façon des humains, mais vu qu’il ne te reste pas beaucoup de temps je vais te donner moi-même la réponse. Bien sûr que parfois les sources ont soif. Bien sûr qu’elles ont une façon de se désaltérer. Elles éteignent leur soif en donnant à boire aux autres. Plus elles donnent, mieux elles se portent. »

Monsieur Lapalisse aurait peut-être répondu de la même façon, mais ma vie était telle, que je me suis senti immédiatement impliqué dans cette réponse, d’une façon profonde et très personnelle. J’ai tout de suite réalisé que tous les pères de famille sont comme des sources, et que moi-même, en tant que père, pour me sentir satisfait, c’est-à-dire “désaltéré”, j’avais besoin de savoir que ma progéniture avait assez bu de mon eau, autrement dit bien profité de ma paternité. Je crois que tous les parents de la terre comprennent ce langage. Plus on aime nos enfants, plus on a “soif” de les voir profiter de nos richesses, et pas seulement des richesses matérielles (qui d’ailleurs sont les seules à être toujours bien accueillies), mais surtout des richesses spirituelles. Quel chagrin, quelle frustration pour un père ou une mère s’ils constatent que leur eau est négligée, ou refusée, par leur progéniture! Si nos enfants refusent, même partiellement, l’eau que nous leur offrons à boire avec amour, cela nous crée une brûlure intérieure si ardente, qu’elle peut bien se comparer à l’ardeur d’une soif intense inassouvie.  Alors mon Ange a ajouté:

«Johannes, le Père que vous avez au Ciel est le premier Papa du monde. Lui aussi “souffre” s’Il voit que l’homme néglige ou refuse ses richesses. Et de vos jours cela se produit souvent. La Mère que vous avez au Ciel “souffre” elle aussi si elle voit que vous négligez ou refusez l’eau qu’elle vous offre en ces derniers temps, qui sont ceux de la grande sécheresse. Elle est mère, la première de toutes les mamans du monde, et en ces derniers temps elle fait mille efforts pour vous apporter de quoi manger et boire. Elle est présente sur la terre par le moyen de centaines d’apparitions et locutions intérieures. Malgré tous ses efforts, elle voit que l’humanité est de plus en plus moribonde. Vous dépérissez à vue d’œil. Parmi vous il y en a qui meurent de chaleur et de soif avec un sceau rempli d’eau juste à côté. La vie qui vous est offerte d’en haut, vous avez le droit de la refuser; on le sait bien; mais pourquoi la refuser? Pourquoi préférer la mort à la vie? Pourquoi vous laissez mourir alors qu’on vous offre de vivre? Si vous buvez l’eau qui vous est offerte, et de toutes les façons possibles, en plus d’étancher votre soif à vous, vous apaiserez la soif du Ciel. C’est Dieu le Père qui vous envoie cette eau.»

Je venais de découvrir que je n’étais pas tout seul à souffrir de cette “soif” typiquement paternelle. Le Bon Dieu lui-même était pris avec le même problème que moi. Or le fait de savoir qu’au Ciel il y avait Quelqu’un qui pouvait me comprendre parce que, en tant que père, Il avait le même problème que moi, me soulageait l’esprit. Je goûtais à une forme de paix, du fait que je me sentais moins seul. J’avais au Ciel un Père qui me comprenaient sur un point important, celui de l’hérédité que les hommes pères et les femmes mères souhaitent léguer à leurs enfants.

Mon réveil a sonné, me laissant à peine le temps de réaliser que ce que je venais de vivre était un enrichissement supplémentaire que le bon Dieu m’avait accordé gratuitement, et que j’avais failli le perdre dès le début parce que trop pressé de vivre à ma manière.

 

5 - Le Ciel… comment est-il?

Je venais de constater que le Saint-Esprit ne refuse pas d’être traité en ami s’il trouve que les mots du dialogue sont assaisonnés avec des sentiments d’amour. L’idée m’est donc venue de Lui confier une de mes idées fixes, quelque chose que je traînais en dedans de moi depuis ma première jeunesse, à la manière d’une “soif” qui n’avait jamais pu être entièrement assouvie. Il s’agissait du Ciel, de l’idée qu’il nous est permis d’avoir du Ciel à partir d’ici-bas. Je voulais comprendre au moins un peu comment le Ciel était fait, et je n’y parvenais pas de façon tant soit peu satisfaisante. Par exemple, on m’avait appris qu’au Ciel tout le monde était parfaitement heureux, mais en même temps on m’avait laissé entendre que certaines âmes étaient “plus proches” de Dieu que d’autres, et donc plus heureuses. Comme je traînais en moi, sans trop le savoir, l’image d’un Ciel calqué sur celle d’un amphithéâtre, j’en concluais que les habitants du Ciel ne jouissaient pas tous du même bonheur, car les places d’un amphithéâtre ne sont pas toutes au premier rang. À cause de cela, ma logique de jeune adolescent était en révolte, et il m’arrivait de penser que peut-être le Ciel parfait était une invention, une sorte d’utopie. Mal pris que j’étais, un beau jour je me suis tourné vers Dieu avec une prière de ce genre:

«Dieu d’amour, j’aimerais vous parler de la question du Ciel. N’auriez-vous pas une façon de m’expliquer comment il est fait, une façon qui puisse s’adapter à ma manière de penser? L’ancien curé du village où je suis né a toujours refusé de me répondre sur cette question, qu’il trouvait d’ailleurs embêtante. Vous vous rappelez? C’est lorsque j’ai appris le mot “élucubration”. Il disait que mes questions étaient des “élucubrations mentales”. Mon but, veuillez me croire, n’est pas de vous embêter avec des “élucubrations”. Je voudrais seulement savoir si vous n’avez pas une réponse qui me soit congénère, quelque chose qui pourrait apaiser la soif de mon esprit. »

“Paff ”... Deux bouteilles se présentent devant moi, et c’est comme si je les voyais, même si avec mes yeux je ne vois rien. Une est grande, l’autre est plus petite d’environ la moitié. La voix immatérielle me dit:

«Attention. Je vais les remplir d’eau, mais saches que cette eau représente le bonheur, et que les deux bouteilles sont deux âmes qui viennent d’arriver au Ciel. »

Dans un éclair, si court qu’au moment où il survient il est déjà passé, ce que je voulais comprendre est déjà compris. Mais le “Doux Hôte de mon âme” a ses raisons pour poursuivre le dialogue, et Il me dit:

«Maintenant que les deux âmes sont entièrement remplies de bonheur, chacune selon sa capacité, est-ce qu’on peut dire qu’elles sont parfaitement heureuses toutes les deux?»

- «Oui, elles sont parfaitement heureuses, toutes les deux. »

- «Penses-tu que la plus petite pourrait se sentir “frustrée" de ne pas avoir plus de bonheur ? »

 «Non, c’est impossible. Elle est au maximum de ses capacités. Elle est parfaitement remplie d’eau, je veux dire de bonheur, donc parfaitement heureuse. Aucun sentiment de frustration ou de jalousie n’est possible en elle à l’égard de sa compagne plus grande. En plus, je viens de comprendre que si au cours de notre vie terrestre nous voulons devenir comme des “bouteilles" très grandes, et même géantes, cela est possible. Il suffit que nous acceptions vos inspirations, celles que Vous nous envoyez régulièrement au fond du cœur. Notre capacité de bonheur céleste nous la préparons ici-bas, sur cette terre, grâce à ces inspirations intérieures qui sont les vôtres. Ce sont elles qui nous font grandir spirituellement lorsque nous les accueillons et que nous en tirons profit. Ai-je bien dit? »

«Oui, c’est la vérité. Et maintenant, aimerais-tu que je te conduise un peu plus loin sur cette voie ?»

- «Oh, oui. »

Pas de bouteilles, cette fois-ci, mais un lustre majestueux, suspendu au centre d’une cathédrale tout à fait majestueuse. Les lumières qui le font resplendir forment des cercles concentriques dont le diamètre augmente de façon graduelle vers le bas. La lumière est unique, mais les ampoules qui éclairent sont innombrables et variées, selon le rang auquel elles appartiennent. Il en résulte une seule et grande harmonie, où chaque ampoule est heureuse de donner selon sa couleur et sa puissance.

«Ce lustre pourrait représenter le Ciel tout entier. Comme tu vois, les ampoules qui n’ont que 100 watt ne sont pas jalouses de celles qui en ont trois ou quatre fois plus. Elles ne songent pas à éclairer davantage, puisque la plénitude les habite déjà, et que leur luminosité est en harmonie avec celle du rang auquel elles appartiennent. »

Je m’aperçois que la beauté de ce lustre majestueux est liée à sa lumière, laquelle dépend de l’électricité, qui à son tour est là pour représenter la puissance de Dieu. Cette image m’aide à comprendre que Dieu est la force qui fait briller les Cieux par sa présence toujours active. Autrement dit, Dieu est une Puissance, Puissance Divine, Puissance d’Amour. Et cette “Puissance Divine d’Amour” est toujours active. Suite à cela, le “Doux Hôte de mon âme” m’invite à visiter la crypte. Je descends l’escalier, et dans la crypte je découvre un lustre semblable à celui d’en haut, mais moins lumineux, beaucoup moins. Je me rend compte que sa lumière est faible, très faible, pas tellement à cause de ses dimensions réduites, mais à cause de ses ampoules qui sont presque toutes éteintes: brûlées ou mal vissées. La voix immatérielle me dit:

«En haut tu as vu l’Église triomphante, qui est au Ciel. Ici tu vois l’Église militante, qui est sur la terre. La lumière d’ici est très faible car la plupart des ampoules n’éclairent plus. Elles sont brûlées ou mal vissées. Pour l’instant la situation est comme tu constates, mais bientôt ce lustre sera restauré. Les ampoules mal vissées seront revissées, et les ampoules brûlées remplacées. Le lustre va pouvoir éclairer la crypte de partout, jusque dans ses moindres recoins. »

Je crois que ces paroles signifient que Dieu a l’intention de redonner sous peu à son Église militante toute la splendeur qui lui revient. Et je quitte la scène.

 

6 - Les athlètes dans le stade.

“Ne juge pas, et tu ne seras pas jugé” est une phrase sacrée que notre Divin Sauveur nous a laissée en héritage. Cela signifie que pour plaire à Dieu nous devons nous abstenir de juger notre prochain. Or moi, pendant plusieurs années, je me disais que cette phrase était difficile à admettre, puisque Dieu nous avait lui-même donné de la “jugeote" pour que nous puissions nous en servir le cas échéant. Mais en même temps je me refusais d’admettre que Dieu se soit trompé, et tout cela était pour moi source de tension.

J’étais aux prises avec ce dilemme intérieur depuis déjà un certain temps, quand un beau jour, de façon soudaine, je me suis senti transporté de façon imaginaire au-dessus d’un grand terrain olympique gazonné et doté d’une belle piste qui en faisait le tour. Il y avait sur cette piste plusieurs athlètes qui couraient dans l’espoir de gagner une place de distinction en arrivant les premiers. Ils semblaient avoir déjà fait plusieurs tours, mais pour terminer la course il leur restait à faire encore deux ou trois de ces tours. Mon regard s’est arrêté sur un coureur isolé qui semblait précéder tous les autres. Il avait une longueur d’avance plutôt confortable, ce qui m’a poussé à faire la remarque suivante à l’intention de mon Interlocuteur caché, le seul qui pouvait m’entendre:

- «C’est sûrement lui le gagnant. Je ne vois pas comment ses compagnons pourraient le rattraper. »  La réplique a été:

- «Tu te trompes. Son avance est seulement apparente, car il a deux tours de retard sur la plupart de ses camarades... Celui qui tient la tête de la course en ce moment se trouve au milieu du peloton principal, et je suis le seul à connaître son identité. Il faut que tu saches que ces coureurs n’ont pas tous démarré leur course au même moment, ni au même endroit, si bien que pour juger de leur performance réelle il faudrait posséder d’abord les données que Moi seul je possède... »

- «Voilà qui complique les affaires! Comment allons-nous faire pour savoir qui est le premier, le deuxième, le troisième, le dernier? »

«Justement, Je ne veux pas que vous le sachiez de votre vivant. Cela explique pourquoi Je donne à chacun des lignes de départ et des temps de départ qui sont différents. Tu vois, ces lignes et ces temps représentent les talents que j’accorde à chacun d’entre vous au début de sa vie. Je suis le seul à savoir avec combien d’avance ou de retard chacun de vous a démarré sa course (son existence), et le rang qu’il occupe parmi mes autres athlètes... Prends l’exemple du “Bon Larron" (Dismas) qui s’est converti seulement quelques instants avant de mourir. Si c’est vous qui étiez juges, vous l’auriez placé en enfer des centaines de fois, et toutes avant le temps. Donc, cher Johannes, la raison d’être de mon commandement “Ne jugez point", n’est pas de vous empêcher d’utiliser la raison que je vous ai donnée pour vous aider, entre autres, à distinguer le bien du mal. Le seul but de mon commandement est de vous interdire de condamner celui qui semble méchant, mais peut-être ne l’est pas, ou de déclarer saint celui qui a l’air d’un saint, mais peut-être ne l’est pas. »

À ce moment-là une grâce intérieure m’a fait comprendre que la “jugeote” que Dieu nous donne est un outil précieux, destiné à juger la nature de l’action (ou péché), non le degré de responsabilité de l’acteur (ou “pécheur”). Dieu seul possède toutes les données qui permettent d’établir le vrai degré de responsabilité d’un homme à l’égard des gestes qu’il pose, qu’il a posé, ou qu’il a l’intention de poser. Depuis ce temps-là, je sais beaucoup mieux à quoi m’en tenir.

 

7 - L’oiseau sans ailes.

J’étais intérieurement aux prises avec l’image d’un oiseau. Il faisait tellement pitié que j’hésite à vous le décrire. Il était sans ailes. Il marchait parmi ses congénères, des volatiles comme lui, mais alors que ceux-ci pouvaient à chaque instant décider de s’envoler, lui ne le pouvait pas parce qu’il n’avait pas d’ailes. Le défaut, en plus de le rendre ridicule, le faisait paraître maladroit dans tout ce qu’il faisait. L’image ne venait pas de moi. Je sentais qu’elle m’était envoyée d’en haut, de la part de Celui qui dans l’éternité procède du Père et du Fils. L’image me paraissait étrange, un peu trop pour que je la supporte sans rien dire. Je me suis donc permis de poser une question, qui a provoqué une réponse, qui a son tour a provoqué une autre question, et ainsi de suite. Un dialogue est né entre l’Esprit d’Amour et moi. Pour les intéressés, voici le dialogue:

Moi:

Seigneur, quel but peut avoir une image aussi grotesque? Pourquoi me montrer un cas si pitoyable? Priver un oiseau de ses ailes me semble une chose cruelle. L’image ne respecte pas les lois de la nature. Il n’y a pas d’oiseaux sans ailes.

Esprit d’Amour:

Tu te trompes, Johannes. Je t’assure qu’ils existent. La majorité des oiseaux n’ont plus leurs ailes aujourd’hui.

Moi:

De quoi parlez-vous Seigneur? Je ne Vous comprends pas.

Esprit d’Amour:

L’oiseau sans ailes représente l’homme qui a perdu l’amour. L’amour que vous recevez de Moi à votre naissance équivaut à une pair d’ailes qui va avec le reste de ce que vous êtes. Si vous perdez l’amour que vous avez reçu, vous devenez comme cet oiseau misérable.

Moi:

Seigneur, ce n’est pas toujours facile d’aimer; s’aimer soi-même de la bonne façon, aimer les autres de la bonne façon. Le poids matériel de ce corps qui est le nôtre ne nous facilite pas la tâche. Notre corps est matière. Il nous traîne constamment vers le bas.

Esprit d’Amour:

Cela est vrai. Votre corps est fait de matière, et la matière est lourde. Elle vous traîne vers le bas. Mais grâce aux ailes que chacun de vous reçoit de Moi à sa naissance, il vous est possible de vaincre le poids de la matière et de monter vers le ciel. De même que l’oiseau s’envole grâce à ses ailes, vous vous envolez grâce à l’amour. L’oiseau est fait pour voler, vous pour aimer.

Moi:

Esprit d’Amour, vos paroles me touchent profondément. Il m’arrive parfois de me sentir opprimé par mon corps physique, et cela à cause de ses limites, de ses lacunes, de ses défauts. Je ne vous apprends rien. Ce sont des choses que Vous connaissez. Vous rappelez-Vous la grande crise que j’ai eue il y a neuf ans, lorsque je voulais quitter la vie parce que son poids me paressait insoutenable?

Esprit d’Amour:

C’était une tentation, et par bonheur tu l’as repoussée. Votre trépas ne doit pas être anticipé ou retardé, mais accepté avec simplicité lorsque son heure arrive. Concernant les moments difficiles, vous pouvez les vaincre grâce à l’amour. Par exemple, si parfois vous voulez vous détacher de la terre - qui malgré tout est celle qui vous donne à manger - si vous voulez la quitter pour venir voltiger un peu dans la liberté du ciel, il suffit que vous fassiez appel à vos ailes, à votre amour, et en peu de temps vous êtes au-dessus des misères de la terre. Le ciel vous redonne la vigueur et l’équilibre dont vous avez besoin pour continuer à vivre sur la terre. En frappant des ailes vous découvrez que votre corps n’est pas inutile. Pendant que les ailes lui rendent service en le soutenant dans les airs, lui à son tour rend service aux ailes en les empêchant de partir au vent comme des plumes à la dérive. Voila la raison d’être de votre corps, de son poids de matière: faire travailler votre amour, le rendre effectif[72] Toute chose a sa raison d’être, Johannes. Dieu le Père a voulu que vos ailes soient faites pour vous et vous pour vos ailes, que l’amour soit fait pour vous et vous pour l’amour. Le poids de votre corps mortel ne doit pas vous décourager outre mesure puisque les ailes que Je vous donne vous permettent de vous envoler vers la liberté du ciel à n’importe quel moment. Si votre intention est de glorifier le Créateur, le poids de votre corps ne sera pas pour vous un obstacle. Il suffit que votre amour le prenne à charge. [73]

Moi:

Alors, si j’ai bien compris, notre esprit est placé dans un bloc de matière, [74] mais Vous nous fournissez les ailes spirituelles, celles de l’amour, grâce auxquelles nous pouvons à chaque instant monter vers le ciel malgré le poids des misères qui sont celles de notre corps. C’est cela?

Esprit d’Amour:

Oui. Le poids de vos misères est utile si vous ne renoncez pas aux ailes qui vous soutiennent. [75] Mais pour arriver à cela le concours de votre volonté est essentiel. Considère l’exemple de Martin Luther: il est tombé avec tous ses disciples dans le piège du: “Pecca fortiter, sed crede fortius"[76] comme si Jésus, votre Rédempteur, pouvait et voulait vous sauver sans le concours de votre volonté, et sans effort de votre part. [77] Johannes, je te confirme que le Salut est gratuit, mais non imposé. Celui qui le veut doit montrer clairement qu’il le veut. Par exemple, il doit être capable d’allonger le bras vers le Fruit du Salut qui lui est offert, sortir les mains de ses poches. Dieu le Père est heureux de vous offrir son Salut gratuitement, mais il vous faut le cueillir, et pour le cueillir un acte de volonté est nécessaire de votre part. [78] Cet acte implique un effort, petit ou grand selon la distance qui vous sépare de la branche qui vous offre ce Fruit. En d’autres mots, si tu te vois dans l’image de l’oiseau, un acte de volonté est nécessaire pour dire aux ailes de ton amour de se mettre en mouvement de façon à atteindre la branche où le Fruit du Salut est perché; si tu te regardes dans l’homme que tu es, il faut que tu sois capable de sortir les mains de tes poches dans le but de faire ce qu’il faut pour toucher le bien que tu veux posséder.

Moi:

Merci Seigneur.

72, 73, 74, 75, 76, 77, 78
  • [72] Le corps et son poids représentent nos misères humaines, les ailes représentent l’amour, qui est oblation de soi. Si les ailes sont précieuses pour le corps (parce qu’elle le soutiennent), le corps aussi est précieux pour les ailes (parce que si elles demeurent actives, c’est par lui, à travers lui).
  • [73] Nous tous aimerions être débarrassés des faiblesses et des misères présentes dans notre corps physique. Même saint Paul l’aurait souhaité. Il le dit dans sa deuxième épître aux Corinthiens: “Il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan chargé de me souffleté, et cela pour que je ne tombe pas dans l’orgueil! Trois fois j’ai prié le Seigneur pour en être délivré, mais il m’a répondu: Ma grâce te suffit, car la puissance se déploie dans la faiblesse. Je me glorifierai donc surtout de mes faiblesses, et de bon cœur, afin que repose sur moi la puissance du Christ. Voilà pourquoi j’accepte volontiers les faiblesses, les outrages, les détresses, les persécutions, les angoisses que j’endure pour le Christ, car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort”. Pour comprendre un peu plus cette réalité mystique, il suffit de penser à l’extrême “faiblesse” du Christ en Croix. Autrement dit, si nous acceptons de supporter nos croix et nos misères, mais par amour, avec amour, notre “faiblesse” peut se comparer à celle du Christ en Croix : faiblesse aux yeux du monde mais pas aux yeux de Dieu, qui la voit comme une force.
  • [74] Dans l’un de ses poèmes Victor Hugo a appelé ce bloc de matière: sa “prison d’argile”.
  • [75] Autrement dit: “Pour que la lourdeur et la faiblesse de votre corps mortel deviennent force, il faut que vos ailes demeurent actives, que votre amour soit en mouvement quand cela est requis”.
  • [76] Traduction: “Pèche à volonté, mais crois encore plus” (en Jésus ton Sauveur). Cette interprétation est un piège que l’Adversaire a tendu à l’humanité au temps de la Réforme protestante. Dans ce piège sont tombés de nombreux catholiques qui par la suite sont devenus luthériens.
  • [77] Autrement dit: ceux qui vraiment veulent le Fruit du Salut, sont capables de faire le geste nécessaire pour le cueillir. Ce geste est minime, si on le compare à la valeur du Fruit, mais Dieu l’exige comme preuve de notre appréciation et de notre choix volontaire.
  • [78] Dix siècles auparavant St Augustin avait déjà clarifié le concept avec la fameuse phrase: “Celui qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi”.

 

8 - Manger, mais au sens spirituel.

J’étais au dessus de l’évier de la cuisine, en train de manger une orange très savoureuse, et le Seigneur m’a dit:

«De même que tu manges et tu assimiles l’orange en te nourrissant d’elle, de même Je te “mange” et t’assimile en me nourrissant de toi. »

Les pensées qui m’ont traversé l’esprit sont que: manger, consommer, manger et boire pour subsister, manger et boire pour ne pas mourir d’inanition, pour que la vie physique ne s’éteigne pas, etc..., tout cela est très important pour nous. Le tout fait partie de notre nature. Le temps de ruminer ces pensées…, j’ai réussi à achever mon orange. Ensuite j’ai dit: 

“Mais alors, Seigneur, Vous me mangez comme moi je mange l’orange ?”

«Oui. Et d’ailleurs tu le savais déjà. Dans le fond de ton âme cette notion existait déjà. T’en es-tu rendu compte? »

«…  On peut dire que oui … mais de façon intuitive seulement. Maintenant la chose m’apparaît plus évidente, comme si Quelqu’un lui avait enlevé le voile à moitié transparent qui la couvrait. Je sais que c’est Vous. Le concept que Vous me montrez dit ceci:

1) Le Royaume végétal se nourrit du Royaume minéral, et cela lui permet de subsister.

2) Le Royaume animal se nourrit du Royaume végétal, et cela lui permet de subsister.

3) L’homme se nourrit du Royaume minéral, végétal et animal, et cela lui permet de subsister physiquement. »

En profitant de cette occasion, le Seigneur me rappelle que l’homme n’est pas seulement physique. Étant donné qu’il est un amalgame de physique ET de spirituel, Il tient à me rappeler que pour subsister spirituellement l’homme a besoin de nourriture spirituelle aussi. L’âme qui vit dans le corps de l’homme, me dit-Il, a besoin de “manger” et de “boire” autant que le corps, mais spirituellement. Puis Il me rappelle une autre vérité, à savoir: de même que les sens corporels indiquent à l’homme quelle nourriture matérielle prendre ou ne pas prendre, de même la conscience de l’homme lui indique quelle nourriture spirituelle prendre et ne pas prendre. Il veut aussi qu’une fois de plus je prenne conscience, peut-être dans le but de l’écrire, que si la nourriture infernale n’est pas bonne pour notre âme, c’est parce qu’elle nous rend rebelles à la Loi divine, la Loi de l’Amour. Au contraire, la nourriture céleste est bonne parce qu’elle nous rend dociles à la Loi de l’Amour…»

À ce point, j’ai le goût de poursuivre la conversation, alors je dis:

«Seigneur, après tout ce que Vous venez de me dire, dois-je conclure que Vous aussi avez besoin de manger, Vous nourrir? »

«Oui, cela Me plaît de Me nourrir de vous, de toi, surtout au sens spirituel. »

«Et… comment faites-Vous pour Vous nourrir de moi au sens spirituel? »

«Je me nourris de ton amour, et c’est comme si Je me nourrissais de toi. Lorsqu’il est sincère, l’amour humain Me nourrit. Il est délicieux. Je M’en nourris, Je l’assimile. Ainsi Je le transforme en Moi-même qui suis l’Amour par excellence, l’Amour essentiel, engendré par l’Amour, composé d’Amour, structuré dans l’Amour. Lorsque tu me donnes la possibilité de Me nourrir de toi (oui, comme Moi-même Je fais avec toi dans l’Union eucharistique), tu acceptes de mourir à toi-même pour devenir Moi, divin comme Moi, divin en Moi. Par exemple, l’orange que tu manges va dans ton sang et devient partie de toi. Cela veut dire que pour devenir partie de toi l’orange meurt à elle-même, donc elle cesse d’être elle-même. De la même façon que l’orange devient partie de toi sur le plan physique, toi aussi, si tu m’offres ton amour en nourriture, tu deviens partie de Moi sur le plan spirituel. Alors Moi J’assimile ton amour comme toi tu assimiles l’orange, son jus.

Mais attention!... Si tu veux m’éviter des “problèmes digestifs” (Je te rappelle ici les maux de ventre qui te frappaient au temps de ton enfance, lorsque tu mangeais n’importe quoi, et sans hygiène), l’amour que tu m’offres doit être pur, c’est-à-dire libre d’intérêts matériels. Les intérêts matériels dans l’amour sont comme les pesticides qui polluaient certains des fruits que tu mangeais au temps de ton enfance. Si les hommes utilisent trop de pesticides, s’ils en mettent tout le temps et en surabondance, cela finit par polluer les fruits, les empoisonner. Il ne faut pas que les “pesticides” l’emportent sur l’orange, sinon l’orange devient polluée, et par le fait même elle cesse d’être apte à la consommation. Le même discours s’applique aux intérêts matériels. Ce sont des pesticides, et il vous arrive de les mélangez à l’amour que parfois vous m’offrez. »

«Seigneur, comment m’y prendre pour les dire, ces choses... ou les écrire? Qui est en mesure de les comprendre? On me regardera de travers. On me croira “capoté”. Comment faire? »

«Sois sans crainte. Lorsque le moment d’écrire ou de parler sera venu, tu feras comme cela te sera donné de faire. Tu feras comme J’ai fait lorsque J’ai parlé de l’Eucharistie avant qu’elle ne soit instituée. [79] Quelques uns comprendront. »

«Bien. Je ferai comme Vous dites. »

«Au revoir, Johannes. »

«Au revoir, Seigneur. »

79
  • [79] Jn 6, 54-56.

 

9 - Deux figures d’Israël. 

Nous savons que Judas a trahi le Christ et que Pierre l’a renié. Certains s’imaginent que le péché de Pierre soit moins grave que celui de Judas, mais la différence qui sépare ces deux apôtres n’est pas dans leur péché, aussi grave d’un côté comme de l’autre, mais dans leur façon de réagir au péché commis. Pierre s’humilie, et pleure sur son péché, l’orgueilleux Judas au contraire s’y obstine. Ce qui a sauvé Pierre du péché, c’est son repentir. Si Judas avait regretté son péché, s’il l’avait pleuré lui aussi comme Pierre a fait, le désespoir ne se serait pas emparé de lui au point de le pousser au suicide. La différence n’est donc pas dans le péché, présent d’un côté comme de l’autre, mais dans le regret ressenti et exprimé. 

Dans cet exemple Pierre et Judas représentent le Peuple juif tout entier, qui à son tour représente l’Humanité toute entière. Les deux apôtres sont tous les deux pécheurs, mais le premier pleure son péché, tandis que l’autre s’y obstine. Une partie de l’humanité pleure sur ses fautes, l’autre partie s’y obstine. La différence est là.

Les deux larrons qui agonisent sur la croix en même temps que Jésus, eux aussi représentent le Peuple juif tout entier, et par ricochet l’Humanité entière. Ils sont larrons tous les deux, pécheurs tous les deux, mais le premier reconnaît son état, tandis que le deuxième fait le contraire. Dismas, le bon larron, ressemble à Pierre, l’autre à Judas.

Ces exemples nous permettent de tirer une conclusion utile: Par les mérites du Christ, qui accepte de partager notre sort de crucifiés (tout en étant, Lui, entièrement Innocent), de Judas que nous sommes nous pouvons devenir Pierre, de Caïn que nous sommes nous pouvons devenir Abel, de Saul que nous sommes nous pouvons devenir Paul. Pour cela il nous suffit de regretter nos fautes. En regrettant nos fautes, et cela en dépit de nos souffrances de crucifiés, nous sommes capables de redire les paroles de Dismas: “Jésus, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume”. Comme par enchantement, le même Jésus que nous avons contribué à crucifier dans toute son innocence, nous répondra comme il a fait avec Dismas: “Aujourd’hui même tu seras avec Moi dans mon Royaume”. »

Voilà que le désir m’envahit de demander à Dieu la grâce du repentir, de la demander non seulement pour moi, mais aussi pour les autres, pour les Juifs surtout; car la différence entre la Vie et la Mort est là, dans le repentir. [80]

80
  • [80] Au mois de mars de l’an 2000, lors de sa dernière visite en Terre Sainte, le Saint-père Jean-Paul II a glissé entre les pierres du Mur des Lamentations le mot “pardon”. L’explication est dans les exemples de Pierre et de Dismas. Le pardon fait toute la différence. Pardon reçu et pardon accordé. (Pour mériter le pardon des autres il faut être capable de l’accorder à ceux qui nous le demandent. Savoir demander pardon suppose une bonne dose d’humilité, savoir accorder le pardonsuppose une bonne dose de charité. Humilité et charité : deux clés qui permettent d’accéder au bonheur. La première ouvre la porte qui donne sur la cour du Ciel, la deuxième permet d’accéder au Ciel lui-même).

 

10 - Temps de moisson : le temps actuel.

Il devient de plus en plus manifeste qu’une apocalypse est une purification, et que ces purifications ont une raison d’être: permettre à la vie terrestre de se renouveler, donner à la vie des bases nouvelles, plus solides, supérieures aux précédentes. Qu’il s’agisse alors d’une apocalypse relative ou de l’Apocalypse absolue, [81] la raison d’être d’une apocalypse est de moissonner le “blé” qui a poussé dans les champs du Seigneur, pour ensuite séparer le bon grain d’avec la paille. Ce travail de séparation était réalisé autrefois dans la cour d’une maison patronale, et donnait lieu à un “battage” au cours duquel les ouvriers se servaient des instruments fournis par leur maître, fourches, pelles, vans, “fléaux”, et d’un vent qui dans la plupart des cas était un cadeau providentiel de la nature. Dans notre cas les ouvriers sont les anges, et le vent qui aide les ouvriers à séparer la paille du bon grain pourrait être comparé au souffle de l’Esprit.

Il faut bien admettre que les personnes qui auront accès à l’ère engendrée par l’apocalypse actuelle [82] sont des personnes privilégiées. Elles auront droit au même privilège qui fut jadis accordé à Noé (après la purification du Déluge), et qui plus tard fut accordé aux Hébreux qui accédèrent à la Terre Promise après la purification du désert. Terre donnée, cette Terre Promise, mais Terre gagnée aussi, car ses maîtres nouveaux ont dû subir une purification de 40 ans avant de l’obtenir. Il y a des personnes qui réussissent dans le bien, et grâce à elles à la sainteté du Paradis Terrestre initial fera écho une sainteté équivalente, la sainteté du Paradis Terrestre final[83]

81, 82, 83
  • [81] La synthèse des révélations qui nous viennent des prophètes chrétiens contemporains nous permet de conclure que dans l’histoire de notre Terre il y aurait trois apocalypses, identifiables de la façon suivante: 1) Déluge d’eau (à l’époque de Noé, située entre la fin du deuxième millénaire et le début du troisième, il y a 4.000 ans environ), 2) Déluge de feu (à l’époque actuelle, située entre la fin du sixième millénaire et le début du septième), 3) Fin du Monde (à la fin du septième millénaire, dans une dizaine de siècles). Les deux premières sont relatives, la dernière seulement est absolue.
  • [82] Étant donné que notre apocalypse actuelle se situe entre la première (celle que vécut Noé au temps du Déluge), et la dernière (celle de la Fin du Monde), nous devrions la considérer comme “l’Apocalypse Intermédiaire”. Elle n’est pas absolue, mais relative. Pour cette raison, lorsque nous entendons parler desDerniers Temps”, et que nous découvrons qu’il s’agit de notre époque actuelle, cela ne doit pas nous faire penser à la Fin du Monde, mais à la fin d’un monde: celui de l’empire du Mal sur la Terre.
  • [83] Ce Paradis Terrestre final semble correspondre au Millénaire de Paix décrit par saint Jean au début du 20e chapitre de l’Apocalypse. (Ap 20, 1-6). Étant donné que l’Humanité aura atteint cette “Terre Promise” (ce Paradis Terrestre final, ce Royaume temporel de Dieu) après avoir traversé un désert de six mille ans de souffrances (l’équivalent du temps écoulé à partir de la création d’Adam jusqu’à aujourd’hui), la sainteté des hommes de l’Ère Nouvelle serait à considérer comme une sainteté “de pénitence”.